• Narcisse, version 3


         Suite de mes corrections sur le sonnet publié ici, puis  (mais déjà édité sous sa version initiale dans "Le Rossignol d'Argent").

        Après que j'aie, pour suivre le conseil de Darius Hypérion, supprimé les rimes entre "azurés" et "forêts" (pas la même sonorité), entre "ardemment" et "imperceptiblement" (on ne fait pas rimer deux adverbes), et entre "les Iles Délicieuses" et "l'onde fallacieuse" (on ne fait pas rimer un singulier avec un pluriel !), voici que Stellamaris me signale encore un hiatus à corriger : "si ardemment" selon lui ne convient pas, pour deux voyelles qui se suivent. Il me proposait donc "tant ardemment", que je n'aime pas du tout et auquel j'ai dit préférer "si vivement"...

        Mais rien de tout cela ne sonnant vraiment juste à l'oreille, j'ai repris entièrement le 3e tercet, car je n'aimais pas non plus le "bref mouvement", et dans la foulée j'ai également repris le premier quatrain, le rejet de l'adjectif en fin de vers me paraissant assez maladroit.

        J'ajoute que j'ai eu conscience en écrivant ce poème de faire un écart en faisant rimer "azurés" avec "forêts", mais que je pensais pouvoir me le permettre car pour moi le sens prime sur la forme : je m'en suis autorisé bien d'autres par ailleurs, mais que j'ai parfois corrigés, reconnaissant que c'était paresse de ma part (voir "les corbeaux", entièrement refondu cette année, cependant vous ne trouverez pas le premier jet, que j'ai supprimé). Or j'ai également le sentiment de m'être permis une belle licence poétique en écrivant "Semblaient dans leur sommeil aux grands oiseaux sacrés..." au lieu de "Ressemblaient... aux", ce que bizarrement (et heureusement !) personne n'a relevé.

        Note après relecture par Stellamaris : je remplace "aux grands"  par "de grands"... Parfait !

     

     

    Comme je regardais dans le miroir des ondes,
    Je vis se dérouler des pays azurés,
    Des îlots lumineux verdoyants et dorés,
    Flottant nonchalamment parmi les mers profondes.

    De blancs voiliers ancrés auprès des rives blondes
    Semblaient dans leur sommeil de grands oiseaux sacrés
    Des cultes d’Orient, et les cieux adorés
    Miraient à l’infini les splendeurs de ces mondes.

    Et moi, je désirais la candeur des oiseaux,
    La sereine harmonie ample et grave des eaux,
    Le radieux éclat de l'Ile Délicieuse,

    Et j’éprouvais à cette idée un tel tourment
    Que, glissant vers mon rêve imperceptiblement,
    Je rejoignis dans l’eau l’image fallacieuse.

     

    Iles-Gambier.jpg

     
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  • Commentaires

    1
    Samedi 21 Juillet 2012 à 12:00
    Je précise que mes interventions se font à la demande de Valentine. A propos des adverbes à la rime, je vous enjoins de lire ce passage du traité de poésie de Théodore de Banville : "Mais surtout ne faites jamais rimer deux adverbes, si ce n'est par farce ou ironie". http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50423r/f68.image Même sanction quelques siècles plus tôt, et avant Molière, dans la Défense et illustration de la langue française de du Bellay : "Quand je dis que la rime doit être riche, je n’entends qu’elle soit contrainte et semblable à celle d’aucuns, qui pensent avoir fait un grand chef-d’oeuvre en français quand ils ont rimé un imminent et un éminent, un miséricordieusement et un mélodieusement, et autres de semblable farine, encore qu’il n’y ait sens ou raison qui vaille." http://fr.wikisource.org/wiki/D%C3%A9fense_et_illustration_de_la_langue_fran%C3%A7aise D'autres part, je maintiens que le "imperceptiblement" restant est d'une lourdeur rythmique inqualifiable. Pour le rythme, les grands auteurs usent des mots d'au plus 3 ou 4 syllabes. Un mot qui remplit entièrement un hémistiche est un manque de richesse du sens, et de rythme, comme je l'ai expliqué plus haut. Ce vers n'est pas nombreux, il est faible sur la forme et le fond. Et les vers faibles sont exclus d'un sonnet, cf. Art poétique de Boileau. On dit, à ce propos, qu'un jour ce dieu bizarre, Voulant pousser à bout tous les rimeurs français, Inventa du sonnet les rigoureuses lois ; Voulut qu'en deux quatrains de mesure pareille La rime avec deux sons frappât huit fois l'oreille ; Et qu'ensuite six vers artistement rangés Fussent en deux tercets par le sens partagés. Surtout de ce poème il bannit la licence : Lui-même en mesura le nombre et la cadence ; Défendit qu'un vers faible y pût jamais entrer, Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer. Du reste il l'enrichit d'une beauté suprême : Un sonnet sans défaut vaut seul un long poème. "En un bref mouvement" serait plus correct du point de vue du sens, pour ce que l'on attend d'un sonnet, et du Narcisse qui tombe dans l'eau, pas qui s'y glisse avec mollesse. Néanmoins, je vous rejoins sur le fait que cette expression n'est pas belle. A vous de vous montrer poète : trouvez mieux !!! Enfin pour le "semblaient" vous pourriez écrire "semblaient dans leur sommeil LES grands oiseaux sacrés Des cultes d'orient" pour éviter "de / des". Néanmoins je dois avouer ne pas comprendre le sens de ce vers, à quoi faites vous référence ? Il y a des cultes aux grands oiseaux en orient ? D'autre part, si vous aimez la modernité en poésie, vous usez ici d'un archaïsme de langage, la tournure "sembler quelque chose" n'étant plus utilisée de nos jours. Nous utilisons "ressembler à" comme vous le disiez au départ. Ne sacrifiez pas le français à la "poésie". Ceci étant dit, faites comme vous l'entendez, c'est dommage de s'arrêter en si bon chemin. Cordialement


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