• Le petit Poisson d'Or - 3/7


        Suite du récit commencé ici.  

     

    Le petit Poisson d'Or 3/7

     

     

            J’attendis un moment que l’eau cesse d’être troublée et, comme les ours d’Alaska, me mis à guetter avidement l’animal pour essayer de l’attraper entre mes mains.

            Bientôt il réapparut en effet, dessinant de rêveuses arabesques pour ma plus grande joie et je m’efforçai de l’approcher, paumes ouvertes et gestes calculés. Mais il passait trop vite et, d’un preste coup de queue, avait déjà filé avant même que mes doigts ne le touchent.

            Quelques essais infructueux décuplèrent mon désir, l’échec étant comme on sait un fabuleux stimulant pour notre nature portée à la conquête et férue d’autosatisfaction. La brillance extraordinaire du petit être me fascinait de plus en plus, car tout me paraissait resplendir depuis que je l’avais rencontré.

           Je cherchai alors à attirer son attention et, presque malgré moi, l’appelai à haute voix :

            «  - Petit poisson ! Petit poisson ! De grâce ! Montre-toi, et dis-moi : qui donc es-tu ? »

             Un glouglou se fit entendre et, à ma grande surprise, l’animal se dressa sur sa queue, sortit la tête de l’eau, et se mit à me parler :

               « - Je suis un petit poisson, rien de plus ! 

          - Dans ce cas, comment peux-tu parler ? fis-je, au comble de l’ébahissement. Je n’ai jamais rencontré de poissons qui parlent, et dans ma langue en plus ! »

              L’eau se mit à frémir au rire du petit effronté.

             « - Tu ne m’as pas l’air bien maligne ! Que vas-tu chercher là ? Je ne parle pas, voyons ! Les poissons, ça ne parle pas ! »

             C’était mon tour maintenant de ressembler à une carpe, tant je demeurai décontenancée, muette et la bouche ouverte…

         Pendant ce temps il avait de nouveau filé se cacher dans une anfractuosité et je n’osais même plus tendre la main pour le toucher. Prise d’une sorte de terreur sacrée j’avais l’impression que l’effleurer serait comme m’électrocuter. Pourquoi prétendait-il être tout à fait ordinaire, quand je n’avais jamais rien rencontré d’aussi extraordinaire ?

              Sa voix surgie d’un creux de roche me fit soudain sursauter :

              «  - Et toi, qui donc es-tu pour me poser pareille question ? » 

     

    ***

     


    Merci à Cécile de m'avoir fait découvrir ce morceau
    rempli d'humour et de légèreté composé en 1915 par
    Lord Berners, joué ici par Len Vorster (voir ici)
    et intitulé "Le Poisson d'or".

     

    Le petit Poisson d'Or 3/7

     

    (à suivre)

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 23 Février 2016 à 09:44
    Sabine la pèlerine

    En effet, la suite confirme un peu mon impression à la lecture précédente ....

    Mais ce récit va encore bien plus loin pour nous faire comprendre que ...les choses sont en nous, rien qu'en nous !

    Quel beau livre de conte cela ferait !  (Tu y as peut-être pensé ?)

    Et si tu as besoin de quelqu'un pour le lire, je me ferai un plaisir ................Immense bisou  :  sabine

      • Mardi 23 Février 2016 à 13:39

        money  Merci de ton appréciation chaleureuse, Sabine ! Je suis une bien piètre conteuse et ne saurais écrire un "livre de contes". Mais celui-ci me vient "d'ailleurs" et j'attends, en essayant de modérer mon impatience et parfois mon anxiété, d'en connaître la fin... En effet il est clair que la fin suppose la disparition de toute impatience et de toute anxiété ! Bises !

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    2
    Mardi 23 Février 2016 à 10:08

    Bonjour Aloysia, 

    En effet c'est un très joli conte et cela me fait penser au style du petit prince de St Exupéry !

    Saurons-nous répondre à la question qu'il nous a retournée avec malice ?

    C'est ce que la suite nous dira ... peut-être 

    Bises 

      • Mardi 23 Février 2016 à 13:42

        Ce qui te fait penser à Saint-Exupéry, c'est qu'il s'agit comme dans le Petit Prince d'un "conte initiatique". Il s'agit à travers cette aventure de comprendre quelque chose qui est situé au-delà du visible et au-delà des mots... Difficile à exprimer, c'est pourquoi notre Saint-Ex est tout de même un être exceptionnel pour y être si bien parvenu.

    3
    Mardi 23 Février 2016 à 13:01

    C'est comme une note de piano, tu l'entends mais tu ne peux ni la voir ni la saisir!

      • Mardi 23 Février 2016 à 13:43

        En effet, Blandine, tu dis juste ... on ne peut saisir ni le son que l'on a entendu, ni l'image que l'on a perçue, ni la sensation que l'on a ressentie... peut-être tout cela est-il en réalité de la nature de la Lumière, comme le Petit Poisson ?

    4
    Mardi 23 Février 2016 à 15:06
    Sabine la pèlerine

    Que veux-tu dire par "me vient d'ailleurs" ?????

     

      • Mardi 23 Février 2016 à 17:41

        Cela veut dire que je ne sais pas d'où ça vient... Je laisse venir, c'est tout.

    5
    Mardi 23 Février 2016 à 19:23

    je te trouve très impétueuse et très pragmatique ! je n'aurai pas chercher à comprendre le pourquoi de son langage, l'aurais tout simplement accueilli comme un don. 

    Quelle suite vas-tu nous donner à lire prochainement  ? 

    bises 

      • Mardi 23 Février 2016 à 22:38

        La suite découle du début bien sûr !

    6
    Mardi 23 Février 2016 à 22:32

    Les ours d'Alaska guettent le poisson pour se nourrir et vivre

    Voulais-tu te nourrir de sa lumière, de sa beauté, de sa poésie,  de son extraordinaire attirance?

    Tu l'as vu, tu l'as entendu, tu l'as admiré,  tu sais maintenant que dans cette rivière, Il existe.

    Il te sera si facile de le retrouver!

     

      • Mardi 23 Février 2016 à 22:39

        Chacun sa manière...

    7
    Mercredi 24 Février 2016 à 15:25
    Daniel

    Difficile d'attraper le petit poisson. Il glisse entre les doigts. Mais je suis sûr qu'il reviendra !!

      • Mercredi 24 Février 2016 à 16:39

        Ah ! Ça ce n'est pas certain ! C'est juste un souhait !!  sarcastic

    8
    Jeudi 25 Février 2016 à 09:28
    Sabine la pèlerine

    On ne sait jamais, en effet, où nous mènera un conte ..................vers notre propre histoire souvent (celle à venir ou bien enfouie au fond de nous !)

    Je l'avais un peu perçu ainsi cet "ailleurs" dont tu parles mais je voulais en être sûre !

    Bisou.  (je m'en vais lire la suite ..........................)



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