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La danse des morts (Claudel-Honegger)
Par
Aloysia* dans
Musique le
31 Octobre 2006 à 12:00
La célèbre "danse macabre" de l'église de Kermaria an Isquit, dans les Côtes d'Armor
A l'occasion de cette veille de Toussaint, j'aimerais vous faire partager mon admiration pour l'oeuvre qu'Arthur Honegger a conçue sur un texte de Paul Claudel : la Danse des Morts.
Inspirée à Claudel par les gravures de Hans Holbein, cette "danse des morts" fait allusion aux danses macabres fréquemment représentées au Moyen Age et dont le but était de rappeler au croyant chrétien qu'il n'est que poussière, et que quelle que soit sa position sociale, il finira de façon identique dans la terre. On y voit à la suite un pape, un évêque, un moine, un empereur, un roi, un seigneur, un soldat, un bourgeois, tenant par la main des squelettes représentant la Mort, et dansant avec eux une farandole effrenée...
Gravure d'Holbein représentant la Mort (XVIe s)
Déjà traitée par Berlioz en 1830 dans sa Symphonie fantastique, (le dernier mouvement "Songe d'une nuit de sabbat" - voir ici en cliquant sur "Wittches' Sabbath"- évoque le cliquetis des ossements qui dansent), puis par Saint-Saëns dans sa Danse Macabre (1840, voir ici), et par bien d'autres musiciens, cette "Danse des Morts" s'affranchit de toute présence démoniaque pour revenir à la réalité biblique (un prophète a la vision de la résurrection des corps) en mettant l'accent sur la fragilité du destin humain face à la grandeur divine - thème mystique cher à Claudel.
Elaborée par le célèbre dramaturge en 1938, elle est aussitôt mise en chantier par Honegger et sera montée à Bâle dès 1940 par le chef d'orchestre Paul Sacher, leur commanditaire.
Dans ce premier extrait les ossements, réveillés par l'appel divin, commencent à danser ainsi que sur les fresques évoquées ci-dessus.
Choeur parlé
Souviens-toi homme que tu es esprit
et la chair est plus que le vêtement
et l'esprit est plus que la chair
et l'oeil est plus que le visage
et l'amour est plus que la mort.
Choeur chanté
Dansons, sur le pont de la tombe,
on y danse y danse y danse,
sur le pont du tombeau
tout le monde y danse en rond !
En rond dansons la carmagnole,
vive le son, vive le son,
dansons la carmagnole,
vive le son du clairon !
Récitant
Le Pape !...
L'Evêque !...
Le Roi !...
Le Chevalier !...
Le Philosophe !...
Une des dix-sept gravures sur bois de la Danse macabre
du cloître des Saints Innocents à Paris
Ce second extrait est le plus beau passage de l'oeuvre (début) : intitulé "Lamento", il décrit la détresse de l'homme déchu dans sa chair, face à la magnificence de Dieu. Honegger, de confession protestante évangélique, était aussi profondément croyant que son partenaire Claudel : en témoignent son "Roi David", sa "Cantate de Noël", son "Cantique de Pâques" et même sa 3e Symphonie dite "Liturgique", autant que l'oratorio "Jeanne d'Arc au Bûcher" qu'ils ont conçu ensemble.
"Souviens-toi de moi, Seigneur,
parce que je suis poussière
et que je retournerai en poussière !"
Gravure d'Oudry pour la fable de La Fontaine "La Mort et le Malheureux"
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Merci Gabriel, vraiment.