• Là-bas sont tous les rêves...

     
        Voici longtemps que je ne vous ai pas parlé de Robert Bichet.
         Il vient de composer une nouvelle oeuvre, dédiée à son père fauché dans l'accident de voiture dont il a  lui-même été la victime, en juillet 2005. Elle a été jouée a Issoudun lors du concert de fin d'année du Conservatoire Municipal de musique le 25 juin 2009, avec le compositeur au cor anglais, Francesca Paderni comme toujours aux Ondes Martenot, et Frédéric Langé, le professeur de saxophone du Conservatoire, à la direction, qu'il assume avec un brio remarquable.
     

    Au centre, Robert Bichet ; à droite, Francesca Paderni ; à gauche, Jean-Benoît Walker-Viry,
    le nouveau directeur du conservatoire de musique d'Issoudun qui a succédé à Robert Bichet
    en septembre 2007 - Photo Martine Maillard.

         Cette oeuvre s'inspire d'un poème qu'il avait écrit précédemment en hommage à des personnes disparues de son entourage, et que je vous propose ici.


    Là-bas sont tous les rêves,
    les étoiles vivantes
    et les astres éteints,
    où reposent
    les volcans des passions infinies...

    Là-bas sont les oiseaux
    et toutes les musiques,
    celles qui chantent doucement
    dans le cœur des poètes,
    de la renarde rusée
    ou du lièvre égaré...

    Là-bas sont tous les arbres
    d'une verte forêt
    où les saisons se perdent
    dans l'infini du temps
    sans toutefois mourir
    de leurs feuilles d'automne...

    Il n'y a plus de pluies,
    de brumes, plus de frimas,
    La lumière illumine
    tout l'infini du temps

    Robert Bichet, janvier 1999
    voir ici le poème commenté et illustré par ses soins

     

         Il s'agit d'une évocation de l'au-delà, où se retrouvent ceux qui nous ont quittés.

         Robert Bichet a donc conçu cette oeuvre en quatre parties distinctes, auxquelles s'ajoute une improvisation du chef d'orchestre, ce qui est une grande première dans le genre, comme si  celui-ci était considéré comme artiste à part entière, et avait droit à ce que dans les concerti on appelle la "cadence" du soliste : un moment de liberté pour improviser sur les thèmes du morceau.

         En fait, vous devez savoir, si je ne vous l'ai pas déjà dit, que Robert Bichet a conçu un langage musical qui lui est propre, et qui est destiné à permettre à de jeunes débutants de participer à l'orchestre : il a créé des "signes conventionnels" correspondant à divers schémas musicaux. Sur l'un d'eux, il s'agira de jouer des notes aléatoires mais naturelles, en notes tenues ; sur un autre, la même chose mais sous forme de petits sons itératifs ; sur un autre il s'agira de notes altérées. Cela forme des "masses sonores", qui sont gérées au moyen de durées précises. D'autres schémas seront notés sous forme d'une mélodie simple (ou pour le piano d'un accord arpégé, ou d'une série de pulsations d'accords écrits) qui se répète ; les cordes seront parfois invitées à exécuter des sons libres en pizzicati, ou à d'autres moments à effectuer des glissandos en montant et  en descendant... Tous ces schémas sont soigneusement répertoriés et utilisés au fil de l'oeuvre, qui apparaît ainsi comme une sorte de montage, analogue aux taches que l'on peut appliquer à un tableau contemporain.

         C'est ainsi que, riche des schémas connus de l'orchestre et désignés chacun par un numéro, le chef d'orchestre, en fin d'oeuvre, peut improviser en indiquant le chiffre avec ses doigts à un groupe orchestral, puis en faisant signe à d'autres,  faisant enfler  le son en écartant les bras puis le stoppant net en ramenant les bras ; ou en désignant les gongs et nombreuses percussions présentes dont Robert Bichet a la passion.

         Pour cela Frédéric Langé, passionné de la musique de Robert Bichet, fut absolument excellent.

        Mais vous en aurez bientôt l'explication claire lorsque j'aurai réussi à télécharger la vidéo d'un reportage qui a été fait par des étudiants de l'AFPA d'Issoudun... Ce qui ne saurait tarder.

     

          Voici donc quelques extraits du concert donné le 25 juin dernier à Issoudun.

     

    Frédéric Langé à la tête de l'orchestre des professeurs et des élèves.
    (Photo Daniel Besson)


          L'oeuvre débute par une évocation de l'accident, qui est souligné par l'apparition brève d'une bande son, calquée sur les sonorités métalliques de l'orchestre (cuivres, cloches-tubes).

               Puis sa transposition : on entend des bruissement d'insectes sous le soleil d'été. Très contemplatif, Robert Bichet bascule immédiatement dans l'évocation de la nature de son enfance, et dans ce qu'il appelle "le Rêve".

     

     
        C'est là qu'apparaît le cor anglais, accompagné de l'Onde. Malheureusement l'enregistrement, réalisé avec des micros disséminés sur la scène, privilégie excessivement le premier violon, trop exposé, au détriment de l'Onde que l'on perçoit à peine. 

     

     

    Robert Bichet (cor anglais) et Francesca Paderni (Ondes Martenot)
    Photo Daniel Besson.

     

          Et pour clore cet "Accident transposé" (la première partie de l'oeuvre), un "soleil couchant", représenté par de vastes masses sonores, comme de larges taches de couleur.

     

      
          Vient alors le "Premier Rêve transposé ": c'est la nuit, et des crapauds alytes chantent sous le ciel étoilé de juillet (précisions notées avec soin par le compositeur). Là encore, une courte bande-son s'ajoute à l'orchestre pour évoquer le chant des crapauds.

     

      
         Un second "soleil couchant" y met fin, préparant la troisième partie.

     

         
         Cette troisième partie évoque le "Second Rêve transposé", qui n'est rien moins que l'Ailleurs - et comme le désigne le compositeur : "l’Éternel Départ". Il y adjoint la bande sonore d'un essaim d'abeilles.

     
        
         Beaucoup plus lyrique, cette partie inclut la présence du piano, et son achèvement introduit la lecture du poème, par Robert Bichet lui-même, soutenue par le martèlement léger de la grosse caisse (quatrième partie).

    (Photo Daniel Besson)
     


          Enfin, l'improvisation ou cinquième partie clôt cette vaste évocation. En voici la fin, à trois coups de gongs près.

     



    Frédéric Langé en pleine action
    (Photo Daniel Besson)

          Sous les applaudissements du public, Robert Bichet félicite le chef, exemplaire et son grand ami.

    Frédéric Langé et Robert Bichet
    Photo Martine Maillard



     
     
     
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  • Commentaires

    1
    Robert
    Lundi 16 Novembre 2009 à 12:00
    comme tu l'écris si justement, je peux grace à internet lire les commentaires qui m'encourageront toujours en cas de doute, à suivre ma route sans sombrer comme Artax, dans les marécages de la mélancolie... ... ... Bien qu'absolument pas doué pour l'informatique, j'ai vraiment bien fait de suivre tes sages conseils et de m'inscrire à des cours pour éssayer de m'initier à cet infernale discipline... Il n'est jamais trops tard pour avancer, progresser, réaliser ses rêves... ... ... Merci merci merci Merci Martine
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