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Incendie
Une histoire me trotte dans la tête depuis ce matin... Peut-être pourrais-je vous la partager ? Si elle me poursuit, c'est qu'il y a quelque chose de caché à l'intérieur.La voici donc, à quelques détails près peut-être car ma mémoire peut me faire légèrement défaut. Elle se déroule en 1898 à Saint-Maixent, en France et peut-être l'été (je l'espère du moins).
C'est une famille de tailleurs. C'est pourquoi ils habitent une belle maison dans cette ville où l'on apprécie la bonne facture des costumes militaires.
Les quatre garçons (Marcel, 12 ans, Camille, 10 ans, Fernand, 8 ans, et Maurice, 4 ans) sont promis à un bel avenir, car très brillants dans leurs études ; de plus ils pratiquent tous un instrument de musique ou doivent s'y adonner sérieusement tôt ou tard. Et il s'y ajoute par bonheur une jolie petite fille de 6 mois (Suzanne).
Mais voilà que cette nuit-là un violent incendie se déclare dans l’atelier, gagnant immédiatement la maison. Les parents, rassemblant en hâte leurs enfants, se précipitent dehors dans le noir... Ils se retrouvent dans la rue, en pyjama, à demi réveillés, regardant avec incertitude le brasier tandis que le père, fébrile, recompte tout le monde. La mère est arrivée avec Suzanne dans les bras et Maurice à la main, les deux grands sont là mais... il manque Fernand !!
N'écoutant que son courage, le père se rue dans l'escalier fumant pour chercher son fils au milieu des flammes. Celui-ci, profondément endormi, n'a sans doute rien entendu ni compris de la situation.
- Fernand ! Tu n'as pas entendu nos appels ! Il faut sortir tout de suite !
Vite, le père l'attrape par le bras et fonce vers le palier. Fernand crie :
- Papa ! Papa ! Je perds mon chausson !
- C'est pas grave ! Tu le laisses ! répond le père en dévalant les marches.
Ouf !! À peine ont-ils franchi la porte d'entrée que l'escalier s'effondre derrière eux.
Fernand se retrouve grelottant à l'extérieur avec les siens, un pied nu et un pied chaussé. Stupéfait.
Sa famille sera ruinée. Il n'auront sauvé que leurs vies, et s'en remettront difficilement avec le soutien d'amis tandis que les garçons obtenaient le droit de poursuivre gratuitement leurs études de collège en raison de leurs excellents résultats... jusqu'à ce que leurs parents leur demandent de travailler pour les nourrir.
Et puisque c'est aujourd'hui le souvenir de la guerre de 1914-18, ajoutons que Fernand survivra à son séjour dans les tranchées malgré une sérieuse blessure en 1917 ; mais que le petit Maurice sera tué sur le front à l'âge de vingt-deux ans et ramené au camp quelques jours plus tard par son frère Camille, qui était brancardier dans les environs.
Quant à Camille, il verra son propre fils né en 1923 mourir quasiment au même âge (1945) au camp de Mauthausen, où il fut enfermé pour faits de Résistance.
Si je pense à cette histoire aujourd'hui, c'est bien sûr en relation avec la quête qui consiste à détruire l'ego.
En effet si l'on parle de destruction, c'est que pour le mental elle semble réelle et s'accompagne de toutes les émotions et impressions correspondantes, comme par exemple celle d'être pris dans l'incendie de sa maison.
Un jour, tout s'écroule ! Et là, ce n'est pas le moment de regarder en arrière... De même qu'Orphée échoua dans sa quête lorsqu'en sortant des enfers il eut la faiblesse de rechercher derrière lui l'image d'Eurydice ; de même Fernand serait mort avec son père s'il s'était baissé pour ramasser son chausson.
On perd tout ! Gare au petit sentiment, au petit souvenir que l'on veut sauvegarder ! Pour une épine de ce monde que vous voudriez conserver, vous perdrez votre Vie véritable : c'est ce que le souligne Attâr avec véhémence à la fin du "Cantique des Oiseaux", affirmant que l'anéantissement doit être total (voir ici).
Cependant, cette image de l'incendie d'une maison reste plus positive car elle nous rappelle que l'enjeu - être Vivant - est suffisant pour conduire au renoncement de façon quasi évidente.
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Commentaires
Bonjour Aloysia,
Ne pas regarder en arrière. Tout laisser et avancer , toujours, envers et contre tout. Oui da! C'est ce qu'il faudrait faire... mais, pas facile. Bien que je comprends tout à fait le sens de cette hsitoire, j'ai du mal à me séparer des choses, de certains souvenirs... je m'attache
Douce journée à toi
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Jeudi 12 Novembre 2015 à 08:49
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C'est une belle histoire, je comprends qu'elle soit imprimée dans ton esprit. Les situations à vivre sont joyeuses ou tragiques, il me semble qu'il nous faut les observer et créer avec ce que la vie nous apporte de nouveau... chaque jour est une nouvelle expérience à vivre. Belle journée Alyosa. brigitte
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Jeudi 12 Novembre 2015 à 10:11
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Bonjour Aloysia, si je comprends bien cette histoire est celle de tes aieuls, puisque tu parles de Fernand comme ton grand père. Pourquoi le destin est tragique pour certains et pas pour d'autres.Il ne faut pas s'attacher aux choses car en une seule seconde tout peut basculer.
Je te souhaite de passer une très belle journée automnale. Bises
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Jeudi 12 Novembre 2015 à 10:12
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Plus on possède et plus on a peur de perdre. Juste ce qu'il faut, c'est la sagesse même ! De toute façon la vie est faite de petites morts !
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Jeudi 12 Novembre 2015 à 10:17
"Juste ce qu'il faut"... Je sens là l'épicurien... "Le bonheur consiste à se contenter de ce qui suffit"... Et qu'est-ce qui suffit ?? Tout est là. Le "je" fait ses petits calculs... Si on le laisse continuer on n'est pas "sorti de l'auberge" !
Mais en effet, la famille de mon grand-père s'en est bien sortie au final - niveau matériel... Quant au jeune décédé en camp de concentration, il a dit : "En acceptant de mourir, je surmonte la vie".
Bonne journée, Daniel.
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cela me fait penser à mon mari qui a toujours un sac prêt si jamais .. il y avait un évènement difficile : guerre, destruction, incendie.
Cette histoire me dit que nous pouvons éviter certains ennuis,mais sur le long de la vie, tous, tous nous traverserons des difficultés. L'important est de vivre, ne pas s'attacher à son chausson ...
bises et douce soirée
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Jeudi 12 Novembre 2015 à 21:19
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9DurgalolaVendredi 13 Novembre 2015 à 18:22Apprendre à lâcher prise avant d'être confronté à une telle situation.
Conseils donnés pour faire du ski nautique : Ne pas s'accrocher si on ne sort pas de l'eau. Premier réflexe s'accrocher puis lâcher !!!
Dans le cas de Fernand et son père le temps est court.
Belle soirée Aloysia
Bisous
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Vendredi 13 Novembre 2015 à 21:08
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C'est une jolie parabole que je comprends très bien car l'image est claire et parlante (il me faut ça à moi parfois pour saisir tes articles, souvent ça me passe bien au dessus de la tête ! ).
Pourtant on s"attache aux souvenirs, et s'en défaire n'est pas toujours facile, bons ou mauvais.
De plus ces souvenirs, traces de notre vécu, en sont aussi le terreau: c'est grâce à nos expériences que nous sommes tels que nous sommes, et grâce au souvenir de nos réussites et de nos échecs que nous avançons et évoluons.
Alors ...?
Bises ma Grande
Tivoune ?! Par exemple ?!! Cela signifie-t-il que tu lis aussi mes autres articles ?!!
Les "souvenirs" sont, comme les pensées, des poteaux indicateurs pour notre chemin intérieur. Bises ma "Petite"...