Monts estompés aux regards assoupis,
Perles de brume aux larmes de pluie,
Le jour s’est arrêté comme un oiseau pensif…
Quelques maisons dormeuses et quelques arbres nus,
La rivière en miroir étendue et glacée,
Le chemin se déploie, décoloré, pâli,
Ses mamelons ombrés au loin emmitouflés
Dans leurs manteaux qui fument…
L’humidité s’accroche aux murs couleur de terre.
Un voyage de plus à travers les montagnes :
Sur les rails endormis il marche un chat tout gris,
Et les troncs empilés pleurent une longue attente.
O rouler doucement dans le froid cotonneux,
Voir rêver les vallons, se gonfler les collines
Et se blottir les arbres en masses moutonneuses,
Broussailles aux couleurs ocres, vertes et brunes…
C’est un jour sur la terre
Qui se rêve en son cœur,
Qui ferme ses paupières,
Un jour comme un secret
Coulé dans son cocon…
O la Beauté du monde :
Maisonnettes fermées, blotties sur leur chemin,
Pelouses en corbeille, alanguies, verdissantes…
Que le sommeil est doux s’il rêve au lendemain ;
Que le Jour est paisible engourdi dans les sentes… !