• Chaos (suite) - L'acceptation

     
            Il est facile que dire que celui qui frappe a tort ; mais s'il a été lui-même blessé ? Parfois l'on ne se rend même pas compte que l'on fait mal... Et la racine du mal ce sont nos émotions, nos émotions qu'un grand travail sur soi seul peut maîtriser, et qui sont les responsables de la douleur comme de la joie.

          Pardonner... Voilà le maître-mot, puisque, comme le disait Jésus selon la tradition, celui qui frappe "ne sait pas ce qu'il fait". Se dire que la blessure n'est finalement que le résultat de l'incarnation, incarnation qui nous jette dans l'émotionnel autant que dans le physique, et donc qui nous soumet à l'alternative du mal.

     

    Entree-en-Incarnation.jpgL'incarnation : quitter un monde de lumière pour entrer dans une planète d'eau - planète de l'émotionnel

        Mais si la douleur est physique ? Même avec un travail sur soi on ne peut supprimer la douleur physique ; seuls des traitements chimiques peuvent éventuellement y parvenir... Et il faut une belle dose de patience pour accepter toutes les souffrances qui peuvent survenir sur cette terre, même si l'on sait qu'elle n'est pas notre vraie patrie. S'étonnera-t-on alors que l'on nous montre toujours le Christ en croix ? Nous sommes tous, comme lui, cloués à l'incarnation, avec une branche pour le bien, une branche pour le mal, ou une branche pour l'espace, une branche pour le temps, ou une branche pour le bonheur, une branche pour la douleur, une branche pour l'horizontal, une branche pour le vertical... et tant que nous n'aurons pas réussi à placer notre conscience en dehors de ce croisement des opposés nous en serons écartelés.

    Incarnation-MaillardAutre image de l'incarnation : la croix des opposés


        Comment sortir de la croix ? Uniquement par le centre, là où pour notre morphologie humaine se situe le cœur. Non pas notre cœur physique, mais le centre d'énergie du cœur, situé juste au milieu de notre poitrine et où s'enracine le fil qui nous relie à notre être spirituel, à notre part immortelle et toujours en paix. C'est par elle seule que nous pouvons "ressusciter"... C'est pour cela que l'on médite, que l'on entre dans la voie monastique, ou que l'on se fait ermite : pour "sortir" de la roue, sortir de la souffrance.
     

       Hélas, tant que le monde est monde, et tant qu'il y a des humains sur cette terre, l'écartèlement continue et la souffrance existe. Vouloir s'en affranchir tout seul est un leurre. Nous sommes tous interdépendants et tant qu'il restera un seul être sur cette terre la croix du Bien et du Mal continuera d'exister. Nous arrêterons-nous tous un jour de vivre notre quête interminable du bien-être pour nous mettre tous en méditation jusqu'à ce que notre coeur s'arrête de battre ? Et que ferons-nous alors des joies du monde, des beautés du monde ?... Du rire des jeunes enfants ?... 

        En réponse à cette alternative je vous propose un Récit Zen, proposé par Osho Rajneesh dans son fameux tarot1 qui est une mine d'enseignements et de soutiens pour tous les moments de la vie. 

    L-acceptation.jpg


    L'Acceptation

    (lame n°31)


        Dans le village où vivait le maître zen Hakuin, une jeune fille se trouva enceinte. Sommée de révéler le nom de son amant, elle accusa Hakuin. Lorsque l'enfant fut né, le père de la jeune fille le porta chez Hakuin qu'il insulta copieusement. Puis il dit :

     - Tu t'occuperas du nourrisson puisque c'est le tien.

        Hakuin répondit :

    - Ah oui ?

        Il prit le petit dans ses bras, l'enveloppa dans un pan de sa vieille tunique et l'emmena partout avec lui. Sous la pluie battante et sous le soleil torride, le jour et la nuit, il mendia du lait pour le bébé. Beaucoup de ses disciples le quittèrent, l'estimant déchu. Hakuin les vit partir sans formuler le moindre reproche. Un jour, souffrant trop d'être séparée de son enfant, la jeune mère désigna le vrai géniteur. Le père se rendit immédiatement chez Hakuin. Il lui demanda pardon et lui raconta la vérité.

    - Ah oui ? fit Hakuin.

        Et il rendit l'enfant.

     

    L'acceptation de ce qui arrive s'appelle tathata. Une telle attitude signifie que vous acquiescez à tout ce que la vie apporte, à l'exemple du miroir qui reflète tout. Ce dernier dit oui sans condition, pour lui rien n'est bien, rien n'est mal. Acceptez la vie comme elle est. Tous vos problèmes disparaîtront : les désirs, les tensions, le mécontentement... L'acceptation totale vous rendra joyeux et satisfait sans raison. Le bonheur qui a une cause ne dure pas bien longtemps. La joie gratuite est sans fin.

     

        Oui, voici un bonne manière de sortir du dilemme : cesser d'accorder aux choses une épithète de qualité... Mais difficile n'est-ce pas ?

         Demain j'ajouterai un second conte qui complète celui-ci.

     

    1 Je constate avec stupéfaction que les gens qui ont la chance de posséder ce tarot se permettent de le vendre une fortune comme s'il s'agissait d'une pièce de musée. Vend-on la sagesse alors qu'elle est due à tous ?! Mais je ne comprends pas non plus pourquoi il n'est pas réédité. Il faudrait au moins qu'il reparaisse sous forme de livre, afin que son enseignement puisse continuer de profiter à tous : il en reste peut-être quelques exemplaires ici.  

     
    « ChaosHistoire du pauvre chinois »

  • Commentaires

    1
    Samedi 15 Octobre 2011 à 12:00
    Merci, martine, pour cette somptueuse leçon de sagesse ...je m'empresse d'aller lire la suite ! Passe un week end empli de ...joie gratuite ! Bisous : Sabine.


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :