•    Quand tout s'effondre, quand le cœur gémit au fond de sa misère, parfois, il suffit d'être patient ; attentif... un baume se répand sur lui, venu d'on ne sait où.

          Mon piano semble me tendre les bras. Je cède à son appel, et tout s'apaise ; tout rentre dans l'ordre.
     

       Pour moi c'est mon piano qui rétablit la paix, mais pour vous cela peut être tout autre chose... cette bénédiction qui descend toute seule et remet tout en place, pendant que tout se tait. Exactement comme lorsque Jésus leva la main sur les flots et calma la tempête dans laquelle se débattaient Pierre et ses amis, sur une barque au milieu du lac de Tibériade.

        C'est ce que dit le poète allemand Franz von Schober dans un texte dont le musicien Franz Schubert fit une de ses plus belles mélodies : An die Musik, À la musique.

          J'aurai beaucoup de mal à traduire ce poème, ne trouvant pas d'équivalent en français pour les termes même de cette invocation : le poète s'adresse à la musique comme à une déesse, mais il emploie pour la caractériser le mot "art" qui en allemand est féminin ; et il lui adjoint l'adjectif "hold", que l'on traduit communément par "doux", mais qui résonne de façon plutôt religieuse avec la notion de "favorable", "bienveillant", ou encore "rempli de grâces" comme dans le cas de la Vierge Marie. 

          De ce fait je vous proposerai plutôt tout simplement l'adaptation française de la mélodie, car elle me paraît fidèle à l'esprit malgré certains écarts de sens (le "cœur enflammé d'un chaud amour" du premier couplet est remplacé par un "baume versé", mais enrichi ensuite de "bienfaits goûtés") ; cependant vous pouvez trouver une autre traduction sur ce site. Et sur la page youtube de l'enregistrement ci-dessous vous avez une traduction anglaise.

     

     

    Ô Toi, Musique, aux heures de détresse
    Dont le fardeau me semble si pesant,
    Combien de fois m'as-tu versé ton baume,
    Conduit au seuil d'un monde plus serein 
    Et fait goûter tes chers bienfaits !


    Et bien souvent, ton souffle frais en tendre,
    Un saint et doux accord venu de toi
    M'ont dispensé la paix que tous espèrent...
    À Toi merci, Musique noble et pure !
    Douce Musique, à Toi, merci.

     

     


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  •        Aujourd'hui je pense à ceux qui cherchent réconfort et leur propose ces quelques phrases que Rava Bakou a publiées sur facebook (comme quoi on trouve de tout sur facebook, et qu'il suffit de bien choisir ses relations...).

          J'y ajoute en bas l'image qu'il a lui-même créée et jointe à sa publication.  

     

    Lotus

     


    «  Si vous traversez une période difficile, comme cela nous arrive à tous, prenez un moment rien que pour vous, isolez-vous et méditez.
       Au cours de cette méditation, oubliez votre ego, oubliez qui vous croyez être, mais voyez l'être pur qui est en vous et donnez-vous autant d'amour que possible.
       Inutile de chercher si vous le méritez, nous le méritons tous. Vous faites partie du Tout et Tout est la raison de votre présence.
       Si vous ne méritiez pas l'amour, vous n'existeriez simplement pas car Tout ne crée rien ni personne par hasard, rien ni personne qui ne mérite l'amour, la bienveillance, le respect.  »

     

     

    Nous méritons tous l'amour

     

     


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  •  

    Caspar David Friedrich
    Voyageur contemplant une mer de nuages
    Caspar David Friedrich, 1818

     

     

    Il arrive un moment où les mots sont comme  des fils qui s’entremêlent
    Et s’entrelacent et s’entrenouent jusqu’à ne plus former qu’amas inextricables ;

    Il arrive un moment où les mots sont comme des arrêtes de roches auxquelles on s’agrippe,
    Et qui vous blessent et vous lacèrent jusqu’à vous laisser ensanglanté à flanc de falaise ;

    Il arrive un moment où les discours ressemblent aux aboiements de chiens
    Qui s’acharnent et s’acharnent à faire le plus de bruit possible,
    Montrant les dents, grognant et frémissant de haine…

    Car nos pensées sont semblables à ces chiens qui crient sur tout ce qui passe,
    Et nos paroles, à ces lambeaux de peau inutiles dont se débarrassent les serpents.

    Telles des nuées, laissons passer ces tumultes irraisonnés,
    Paroles, discours, lectures, pensées,
    Tout ce fatras de n’importe quoi qui vente à notre porte,
    Chassant la feuille morte… 

    Si haut, le sifflement du Dragon d’Air
    Qui plane suspendu dans l’Espace infini !

    Là où s’arrête le chemin pentu
    Dont les chaînes cliquettent encore à nos pieds écorchés
    S’ouvre un Silence inconcevable.

    Ce Silence est Appel ;
    Ce Silence est Abîme ;
    Mais
    Plonger n’est pas possible en vêtement de chair.

    Il se peut cependant qu’un Souffle des hauteurs
    Dissolve peu à peu cette forme imprécise,
    Et que dans un brouillard lentement dispersée
    Elle s’efface enfin dans l’Éclat du matin...

    Ou si le Dragon d’Or enfin se déchaînait
    Et soufflait son Néant éblouissant d’Amour,

    Peut-être l'entendrait-on pour la première fois,


    Le Chant des Profondeurs !...

     

     


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  •  
      C'est aujourd'hui Notre-Dame de Lourdes, mais je la confonds avec l'Immaculée Conception ; je mélange les deux, allez savoir pourquoi. En tous cas je ne puis m'empêcher de penser que si la réflexion qui va suivre m'est venue ce matin, ce n'est pas par hasard...

     

          Quand j'ai ouvert les yeux pour la première fois, il n'y avait ni mère, ni père ; ni lumière, ni ténèbres ; ni désir, ni refus ; ni chaud, ni froid ; seulement un brusque jaillissement de perceptions, une giclée de sensations brutales et effrayantes. Effrayantes, ou sensationnelles ? Éprouvantes en tous cas. Si "ça" criait, je n'en sais rien ; si "ça" bougeait, je n'en sais rien non plus !! C'était... grandiose !! Épouvantable !! Sublime !! Horrible !!!

          Un chaos prodigieux de sensations, de perceptions, issues du dedans comme du dehors et rien, rien à quoi se raccrocher ! Solitude absolue !!

           Jusqu'à.... Soudain, la paix. La paix profonde et parfaite émanée d'une subite "lumière" retrouvée. Chaleur d'abord, éprouvée au contact de la chair dont elle (la chair) a été séparée ; et cette lumière que les poètes latins nomment "lumina", ou les yeux qu'on dit en français les "fenêtres de l'âme"...

        Au fond des yeux de "sa mère", l'enfant retrouve sa Source et cela reste si profondément ancré que dès lors s'élève en lui un besoin impérieux de la retrouver, qui le hantera toute sa vie. "La Lumière" ! "L'Amour" !  C'est vers cette issue qu'éperdument il se tournera en permanence, que ce soit dans sa vision de Dieu, ou dans sa quête de l'être aimé... Il cherche le Regard du "Père" (qui est aussi et encore "Mère", notamment par le visage de Marie), il adore les yeux de la personne aimée - ou son "regard".

           En effet - et le mot "lumière", quoique erroné, le traduit bien - il ne s'agit pas de quelque chose qui est "vu", mais d'une sorte de sas ouvert ; d'un "tunnel" à travers lequel il sent la Réalité de là d'où il vient.

          Qu'on désigne comme Lumière parce que cela nous appelle, cela scintille. Mais qui est aussi la Paix profonde, car cela nous rappelle qu'avant ce chaos, Cela était déjà. Cela était et Cela sera toujours.

           Marie, celle de Lourdes, celle qu'on appelle Vierge sans tache ou Immaculée, est ce Regard ; ce sas ouvert  sur la Réalité immuable de ce que nous sommes. Elle est ce que nous pouvons "concevoir" de plus élevé, c'est-à-dire la Conscience dépouillée de toutes ses pensées, l'Éveil premier avant le chaos du surgissement du monde. 

     

         On peut aimer le monde, dans lequel on a été plongé, projeté malgré soi... Et pourquoi ne pas l'aimer, puisqu'il reflète en permanence et sans relâche, notamment à travers les regards de tous les êtres vivants et conscients que nous rencontrons, humains ou animaux, la merveilleuse "Lumière" de la Conscience Pure, l'Immaculée Conception ?

         Mais aussi, comment faire taire en soi ce rappel profond et sans cesse renouvelé que, comme le Petit Prince,  nous ne sommes pas d'ici !... 

     

    Le Petit Prince-fin

     

     

     


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  •        Aujourd'hui j'ai tant entendu parler d'Amour ! Un terme qui nous fait tous rêver car il évoque la conciliation, la réunion entre les êtres. C'est une aspiration si impérieuse à sortir de nous-mêmes que nous la mettons volontiers au premier plan de nos préoccupations, nous la représentant dans sa plus belle expression : l'oubli de soi !

        Mais en fait elle n'est la plupart du temps qu'un simple sentiment émané de l'ego et qui signifie : désir d'être reconnu ; désir d'être aimé, apprécié, et ensuite remercié pour ce que l'on aura pu faire ou montrer...

     

    L'Amour,


         Les différentes lectures ou méditations que j'ai pu trouver aujourd'hui s'y rattachant m'ont rappelé qu'on en fait le point central de la Rencontre avec le Divin, le mot "Amour" semblant apparenté au mot Âme et paraissant au cœur de toute démarche visant à s'oublier soi-même au profit de plus grand que soi - c'est-à-dire la Volonté du Tout-Puissant, qui est alors présentée Elle-même comme un acte d'amour du Père à notre égard.

         Mais si l'on veut véritablement évoquer le Divin et sa Puissance de par le monde, on revient à ce Prologue de l’Évangile de Jean que j'ai cité précédemment, et l'on constate qu'il n'y est pas parlé d'"Amour", mais de Verbe (trop difficile à traduire décidément : aujourd'hui je le rendrais volontiers par Expression), puis de Vie et de Lumière.

           Et pourtant l'Amour, je me suis très longuement interrogée à son sujet, à travers notamment la mystique et le soufisme ! Il ressort de ces réflexions que c'est plutôt une voie d'accès pour l'ego, un moyen pour lui d'apprendre à se dépouiller peu à peu de lui-même. Mais ce sentiment reste toujours du domaine de l'humain, apparenté à la recherche et à l'aspiration ; il reflète tout à fait l'illusion de séparation que nous connaissons ici-bas.

           Je me suis rappelé alors ces misérables amoureux de l'inaccessible qui hantent les légendes post-romantiques, comme Valdemar, dans les Gurrelieder  de Schönberg : la femme qu'il aime, nommée Tove, meurt et se transforme en une colombe (de l'allemand "Taube" et du Danois "Dove" : colombe). Il devient fou et erre de par le monde en hurlant sur son cheval emballé... ! C'est l'image de l'archétype du masculin qui nous habite - à savoir notre besoin de maîtriser les choses, d'agir sur elles, de les voir se conformer à notre volonté - qui est totalement désorienté lorsqu'il s'agit de lâcher prise sur notre destinée, d'accepter les pertes, les échecs, l'impossibilité de satisfaire nos désirs.

     

    L'Amour, ou notre aspiration vers la Lumière



          Tel est également le Golaud du Pelléas et Mélisande de Debussy, dans son incapacité à obtenir l'amour de la douce et mystérieuse Mélisande qu'il a pourtant épousée, lorsqu'à son chevet (car elle se meurt elle aussi) il lui demande instamment "la vérité" sur ses relations supposées avec Pelléas, et que sans accepter ses réponses évasives il s'écrie : "Je vais mourir ici comme un aveugle !" (En effet dans son désespoir il envisage de se suicider après la mort de la jeune femme).

         Brusquement il m'est apparu évident que l'objet de l'amour est perçu comme la Lumière même ! Et c'est là que nous revenons au Prologue de Saint Jean. L'Amour est donc ce qui nous pousse vers cette Lumière, qui est aussi la Vie. Il est donc ressenti comme une urgence absolue.

        Mais ce qui en nous éprouve cette attraction est l'ego, autrement dit : ténèbres. Et pour que la Lumière soit, il faut qu'il disparaisse... Comme le disait Jean-Baptiste ("un homme" selon le prologue, donc un ego) : "Il faut qu'Il croisse et que je diminue".

          Et comme dit Jésus ailleurs : "Ils seront jetés dehors, là où sont les pleurs et les grincements de dents".

          Je ne comprenais pas ces propos autrefois ; je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir un "dehors" à la Vie divine (à "l'Amour" de Dieu !). Mais les pleurs et les grincements de dents (qu'éprouvent parfaitement Valdemar et Golaud) sont des expressions de l'ego : des sentiments, des émotions. Et l'ego fait partie des ténèbres, et ces ténèbres ne comprennent pas la Lumière !

        Aussi dois-je aujourd'hui rectifier la traduction que je faisais du Prologue dans l'article précédent : au verset 5, oui, les ténèbres n'ont pas étouffé la Lumière bien sûr ; mais aussi : elles ne l'ont pas comprise comme le dit bien le texte latin !! En effet la Lumière est Dieu en Expression : le "Je Suis" qui s'adresse à Moïse sur le mont Sinaï, ou Verbe Divin ; et les ténèbres sont les ego qui ne peuvent l'atteindre en aucun cas... !

            Cette pensée m'a inspiré cette petite image très parlante :


    Lumière dans les ténèbres

     

         Au centre, j'aurais volontiers écrit Lui à cause de la relation avec le verbe Luire... Cette Lumière est autosuffisante et rayonnante ; étant Logos, elle est Intelligence pure et donc parfaite évidence (le mot latin Verbe, plus riche que le mot français "parole", ne rend pas toute la profondeur du terme grec employé par Saint Jean, le Logos qui veut dire aussi Pensée rationnelle).

         Autour, il y a l'ego ; et si l'ego cherche à comprendre la Lumière il ne le peut pas. Il répète donc sans cesse "Je ne comprends pas", "je ne comprends pas"... et c'est tout ce qu'il peut faire : battre la campagne en pleurant ou "mourir ici comme un aveugle", mais certainement pas "comprendre la Lumière". C'est pour lui un Mystère...

        Je terminerai cette réflexion avec la fin magistrale de l'oeuvre de Schönberg (Gurrelieder) qui est le triomphe de la Lumière Divine dissipant les Ténèbres. La vidéo qui suit, outre qu'elle illustre relativement bien ce chœur final, offre une traduction anglaise des paroles prononcées.

         Il faut savoir aussi que juste avant ce prodigieux lever de soleil, il y a toute une préparation qui est superbe mais que malheureusement on ne peut suivre qu'en comprenant l'allemand, durant laquelle un voyageur émerveillé s'extasie de la montée progressive de l'aube qui éclaire peu à peu chaque chose, offrant de ci, de là des spectacles aussi fabuleux que fugaces... Si vous le souhaitez vous pouvez l'entendre ici.

     

     


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