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Dessin de Robert Bichet (2002) en illustration de son poème "L'hiver"
Eh ! oui, nous partons, vers les Côtes d'Armor où les bateaux fleurissent !Plouha : vue du sentier douanier vers l'anse de Port-Moguer et la presqu'île de Gwin-Segal.
Nous entendrons le chant des mouettes et le ressac farouche des houles sur les rochers.
Nous marcherons, le nez au vent, peinant dans les montées, sur les sentiers côtiers qui voisinent les criques.
L'été nous appelle ! Retrouvons les embruns, les vagues caressantes,
Puis les moules riantes et les crêpes fumantes...
Quelques bolées de cidre au marché de Paimpol,
Puis les galets qui glissent et le ballon qui vole !
Bréhec, Sainte-Eugénie, nous voici de retour :
O itron santez Anna, ni ho caro bepred !
(Bénissez-nous, Sainte Anne)
Mais comme il s'agit de Robert Bichet (qui n'est pas l'auteur du texte ci-dessus, de moi bien entendu), rappelons ce qu'il aime à répéter sans cesse :
"Dans la vie, lorsqu'une difficulté vous assaille, pensez à ce schéma :
Chaos - Espace transformé - Éternel départ
Vous verrez que cela fonctionne toujours ainsi : après la souffrance, vient la guérison, puis le nouveau départ."
Je vous laisse donc pour une dizaine de jours contempler son "Éternel départ", aquarelle que bien des gens ont voulu lui acheter, mais dont il ne se séparera jamais.
Ce dessin, comme tous ceux de Robert Bichet, évoque la vie qui ressurgit
du chaos, et qui dévoile de nouveaux horizons, des perspectives toujours plus belles.
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Tandis que la totalité de la Gaule rôtit sous l'ardeur impériale du soleil vainqueur, un petit coin de Bretagne résiste encore à l'envahisseur et offre à ses habitants la délicieuse fraîcheur d'une oasis...
C'est à Saint-Quay-Portrieux, près de Saint-Brieuc, sur la grève d'Isnain où les toutous sont acceptés (faveur exceptionnelle !)Vue vers la presqu'île de Gwin-Segal et la pointe de Begastel, depuis la stèle élevée à la mémoire des résistants au-dessus de l'anse Cochat (Plouha, Côtes d'Armor).
Là-bas les Côtes rocheuses sont dignes de la Sicile et l'on croit y rencontrer Ulysse ou Calypso...
Bien sûr, on préfèrerait que ce site sublime ne soit point entaché par les cinq ou six campings-car d'une inélégance totale qui y stationnent... À quand le camping-car en treillis ?)****
Si vous voulez vous rafraîchir, consultez la vidéo ci-dessous :
(Il s'agit toujours de la grève d'Isnain à Saint-Quay-Portrieux, par marée haute)
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Lorsqu'il vivait à Paris, Robert Bichet fit la connaissance du peintre et graveur Michel Salsmann, et s'enthousiasma pour une de ses oeuvres, intitulée "Mardi 13 février" : c'est une lithographie représentant quatre baigneurs nus dans une piscine sans eau, alors que derrière la vitre il y a la mer...Reproduction de "Mardi 13 février", lithographie de Michel Salsmann
Après en avoir obtenu de son ami l'autorisation d'utiliser son titre, Robert, conscient de la vision volontairement tristounette porté par celui-ci sur un quotidien grisâtre, décida d'écrire une série de "sept" (car c'est un chiffre sacré !) "Mardi 13 février", en y ajoutant la mention "ou une journée à vivre".
Pour le moment, il n'en a écrit que trois (et en restera peut-être là, puisque c'est aussi un chiffre sacré ?), qui possèdent entre eux ces deux points communs :
1 - ce sont des œuvres dédiées à des groupes précis d'interprètes, et plus ou moins de commande.
2 - elles ont pour trame un poème du compositeur, toujours le même, tantôt dit, tantôt chanté, et toujours illustré à la fin par des diapositives projetées derrière les musiciens.
Ce poème, écrit par Robert Bichet en 1983 alors qu'il se trouvait à Naxos, dans les Cyclades, s'intitule "Escale", et le voici :
Robert Bichet dans le port de NaxosESCALELes bateaux se préparent lentement
Leurs antennes se tendent comme des doigts
La lune oublie d’éclairer cette nuit sans ombre
et le temps passe comme un chat silencieux
l’escale fugitive…
partir sans jamais arriver…
Tant d’espoirs foisonnant mais en vain…
Ce beau miroir d’argent
Ce ciel demi-ouvert
Et cette mort latente suspendue à son fil…
Ce pourrait être celui d’Ariane ou de Kronos
ou celui d’une attente mystérieuse.
Détestable araignée
tu tisses encore une histoire triste
et tes yeux de verre s’illuminent
comme ceux des cargos
qui vont bientôt partir
nonchalamment, paresseusement.
Et la nuit magicienne transportera leurs rêves…
Robert Bichet, Naxos, 15 juillet 1983
© "Parcours secret derrière Orion", Éditions François Villon, 1997- 1 -
Le premier "Mardi 13 février ou une journée à vivre" fut écrit pour le percussionniste Daniel Ardaillon et sa classe du Conservatoire de Montluçon - donc pour un ensemble de percussions comportant bien sûr vibraphones, xylophones et autres instruments harmoniques, auquel s'adjoignent des choeurs, un récitant, plus un violon, une clarinette et une trompette. Il fut donné en création par ses dédicataires au théâtre municipal de Montluçon le 12 mai 1987.
"Mardi 13 février" à Montluçon, dirigé par Daniel Ardaillon
Le second est le plus étonnant, et c'est celui dont je vais vous joindre ici deux extraits.
Passionné par tous les instruments de pointe, comme les ondes Martenot, les percussions nouvelles (gongs chinois, wood blocks, temple blocks, shimes...) ou les bandes de sons modifiés, il est naturel que Robert Bichet ait fait un jour la connaissance de Bernard Baschet, créateur de toute une gamme d'instruments dont le fameux "cristal" construit par Jacques Lasry, que l'on fait "chanter" en glissant dessus... (vous avez sûrement déjà expérimenté ce principe en passant votre doigt mouillé sur la circonférence d'un verre à pied).
Cette seconde oeuvre, agrémentée de voix, d'un violon, d'une flûte, d'un basson et d'un piano tenus par les exécutants mêmes de l'instrumentarium Baschet, fut créée le 19 mars 1988 au Centre Culturel Albert Camus d'Issoudun, sous la direction du compositeur.
Robert Bichet en répétition avec les instrumentistes Baschet :
on peut voir au fond les feuilles métalliques où se réverbèrent les voix,
et devant les différents instruments avec leurs pavillons d'amplification.
Juste sous la partition à droite, un cristal, dont pendent les petits tubes.
En voici un premier extrait, où l'on entend les voix réverbérées par de grandes feuilles métalliques, et aussi le cristal - très doux et "magique" (ce sont des instants de la journée... ici très contemplatif vers midi).
Ici un second extrait, issu de la conclusion de l’œuvre (dynamique, le soir), où, sur fond de "ressort" (cet instrument qui évoque une sorte de vrombissement sourd est en forme de ressort avec un haut-parleur, et s'utilise en frottant dessus avec une baguette), on assiste à un magnifique ballet de percussions rythmiques.
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Pour ceux d'entre vous qui auraient apprécié Robert Bichet, je viens de découvrir que son principal ouvrage, "Parcours secret derrière Orion" est en vente sur ebay !! A ne pas manquer !
Pour 7€50 seulement (+2,40 de frais de port), vous avez :
- un magnifique livre de poèmes dont vous avez eu quelques extraits sur ce blog, mais à quoi s'ajoutent des poèmes d'amour, des acrostiches...
- un descriptif de toute son œuvre musicale et picturale avec le relevé de tous les concerts et expositions déjà réalisés, accompagné de photographies.
- de très nombreuses reproductions de dessins de Robert Bichet, qui illustrent le recueil tout au long, à commencer par les encres, et en terminant par les belles aquarelles dont je vous ai donné quelques aperçus (en couleurs pour celles-ci).
Aux éditions François Villon (édition créée par le groupe poétique du même nom qui siège à Issoudun), un beau livre de format 23,5 x 17,5 cm (particulièrement grand) et de 90 pages.
Et pourquoi ce titre ?...
Je vous l'ai dit, Robert Bichet est un passionné... Après les insectes (voir sur ce blog mon "Voyage en Côte d'Ivoire"), après le cinéma (voir sur ce blog mon "Noël au Sahara"), il se passionna pour les champignons...
Orion, cette immense constellation qui embellit le ciel d'hiver, l'a immédiatement fasciné, et pour elle, toujours passionné du chiffre trois, il a créé :
- un recueil de poèmes
- une superbe aquarelle, qui reproduit le tracé de la constellation
- une oeuvre musicale, dans laquelle les différents instrumentistes occupent chacun la place d'une des étoiles de la constellation.
De l'aquarelle et de l'oeuvre, nous parlerons ultérieurement.
Je vous laisse pour le moment apprécier un nouveau poème tiré du recueil, et qui justement fait allusion à Orion.
Tu fais de la vie
Belle
ce grand brasier d'étoiles
où chantent
où s'émerveillent
les rêves les plus fous
les mondes les plus secrets
les plus lointains voyages
Tu fais de la vie
Belle
ces forêts
ces aurores
des prairies printanières
où je chante
où je cours
tel un tout jeune enfant
Tu fais de la vie
Belle
ce parcours enchanté
que tes doigts caressants
tissent
du côté d'Orion
Et de tes mains posées
sur mes nuits vagabondes
naissent des terres nouvelles
des espaces transformés
où nous courons ensemble
vite
très vite
de plus en plus vite
Et les oiseaux s'envolent
Et les statues se taisent
Ils écoutent en silence
les battements de ton coeur
au plus profond du mien
Robert Bichet, Parcours secret derrière Orion
© Editions François Villon, 1997
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Un chemin de feuillages
dans un lit de verdure
où les fées vont glissant
comme des libellules
La rivière est trop calme
en cet été qui dortAu saut d'une grenouille
les gardons disparaissent
Et le rideau touffu
des bambous silencieux
ouvre à nos yeux avides
un antre de fraîcheurTu marches dans les eaux
entre coquelicots
et chardons fatigués
Au loin quelques moutons
devisent en bêlant
avec leur camarade
la petite poule rousseLe ciel plombé d'argent
réfléchit longuement
au désordre estival
Négligence des hommes
L'hiver lui nettoie toutEn illustration sonore :
Symphonie du ruisseau, de Pierre Lescaut,
un compositeur québécois (éd. De Mortagne)
extrait de : "la Source des monts"
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