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Après dix jours d'exploration du Québec "urbain", le moment est enfin venu pour nous de découvrir le merveilleux pays où Viviane a ses ancêtres...Sur cette carte que l'on peut agrandir on distingue la ville de Chicoutimi sur la rivière Saguenay.
Or à ma grande surprise elle a disparu aujourd'hui, englobée dans l'ensemble "Saguenay": voir ici.Après une bonne nuit en ville, nous regrimpâmes vaillamment la côte pour notre dernière demi-journée au camp. Avant de prendre congé, nous plantâmes quelques petits sapins (c'était rituel à Balcon-Vert). Puis nous nous élançâmes vers le nord, emportant des provisions pour pique-niquer dans le parc des Laurentides.
Ce jour-là il faisait encore plus chaud et plus brumeux que la veille. Dans la réserve, les routes n'étaient pas goudronnées ; aussi le paysage nous parut-il moins avenant qu'il aurait dû l'être, tout englué qu'il était, écrasé dans un brouillard de chaleur et de poussière.
Photo prise par moi je ne sais plus exactement où...
Plus de prairies ici : les arbres étaient presque noirs, les montagnes sauvages, et tous les deux cents mètres on longeait ou on surplombait un joli lac aux contours capricieux. Notre seule déception fut de n'apercevoir aucun animal : ils devaient se terrer dans les endroits les plus frais de la forêt. Seuls, les moustiques et insectes de toutes sortes nous harcelèrent pendant notre repas au bord de l'eau.
A la sortie du parc, nous n'étions plus loin de Chicoutimi (aujourd'hui rebaptisé Saguenay) : déjà, des étendues immenses de troncs flottants jonchaient et masquaient la surface des lacs. Nous approchions d'une zone industrielle : des cheminées fumaient et les brouillards s'épaississaient.
Photo prise par moi du côté de Chicoutimi : industrie du bois
Et pourtant, ce que nous vîmes de Chicoutimi nous parut fort agréable : c'était encore une ville faite de pavillons, mais le style en était moins froid qu'à Montréal. Le site de la ville, joliment accidenté, était ceinturé de verdure. De plus, nous eûmes le luxe, oublié depuis notre départ, mais vite réappris, de trouver une chambre individuelle pour deux nuits. Nous goûtâmes également la douceur d'un bain rafraîchissant dans une belle piscine.
Le lendemain, la journée commença avec une conférence culturelle offerte par Monseigneur Tremblay (un homonyme de celui de la veille, ce nom étant extrêmement répandu au Canada) sur le Saguenay (à patronymes identiques, sujets identiques ! ...). Sans doute le sujet était-il passionnant et traité avec érudition, mais la chaleur et la fatigue des jours passés aidant, nous n'en tirâmes peut-être pas tout le bénéfice souhaité.
L'après-midi nous fîmes une excursion très agréable à Sainte-Rose-du-Nord (voir ici). La joie qu'elle nous procura nous fit oublier la matinée un peu trop studieuse pour notre goût. La chaleur était extrême (le thermomètre du car non climatisé n'affichait-il pas 100 degrés ? Nous nous en ébahîmes, mais il s'agissait de degrés... Fahrenheit, ce qui équivalait à environ 40 de nos degrés Celsius) ; mais la luminosité cette fois bien vive nous dévoilait un paysage si vert et si magnifique, que nous étions ravis.
Sainte-Rose-du-Nord : photo tirée du net
Le but de ce déplacement était une petite crique sur la Saguenay autour de laquelle s'avançaient régulièrement des pointes rocheuses. Le paysage y était extraordinairement varié : lorsque je dirigeais mon regards vers l'intérieur des terres, je me croyais en Suisse ; lorsque je regardais les caps rocheux, je m'imaginais en Bretagne ; mais lorsque je me promenai dans la forêt à flanc de colline, je me crus soudain de retour chez moi, à Fontainebleau, tant les rochers, les bouleaux, les pins et l'odeur de résine m'évoquaient ma forêt natale ! (Voir aussi ce site)
Quelles belles randonnées l'on pouvait faire là ! C'était assez périlleux, mais c'en était encore plus passionnant...
Après la promenade, nous nous étions tant échauffés que nous nous précipitâmes d'un commun accord vers le petit bar afin d'y déguster les délicieuses crèmes glacées dont les canadiens ont le secret.
À notre retour enfin, après une séance de car des plus étouffantes, nous nous jetâmes avec soulagement dans l'eau de la piscine.
Un souvenir personnel de Chicoutimi... Qu'avais-je donc acheté ?
Etait-ce ce magnifique couteau à manche de corne
dont je découvris par la suite qu'il portait la mention "made in China" ?À suivre ici.
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Pour faire une parenthèse humoristique à mon voyage à travers le Québec, voici un poème délicieux extrait d'un recueil de Denise Miège-Simansky, que je viens de découvrir. Il est édité au "Dé Bleu", une maison vendéenne, et admirablement illustré d'aquarelles de Marina Damestoy.
Ne mangez pas les chiens chauds
en sandwich à la moutarde
Ne mangez pas les chiens chauds
N’écrivez pas aux chats-mots
qui s’en vont dans le désert
comme bouteille à la mer
N’écrivez pas aux chats-mots
Mais dansez avec les ours
mais hurlez avec les loups
excités comme des puces
chantez avec le coucou
Chantez avec le coucou
apprenez tous les langages
et ne mettez pas en cage
ce qui vit tout comme vous.
Denise Miège-Simansky
Je n'ai pas résisté à vous livrer ce poème au moment où mes souvenirs canadiens affluent, avec les expressions savoureuses chères aux québécois si amoureux du français à l'époque !
(À dire avec l'accent, en chantant et en parlant un peu du nez)
- "Çà c'est un morceau d'chance !"
puis : - "Je m'loue un chàr et j'vais faire un tour !"
et : - "Voulez-vous un chien chaud ?"...
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Étoile morte
(image tirée du net)
Vivante elle avait pris la couleur des astres ensommeillés
Et le jour qui virait
Lui dessinait des parures plus riches
Que les cristaux de l'espace interstellaire
Quand chantera le crépuscule
Tu la verras tournoyer
Vague libellule des étés maudits
Tu la verras danser dans la lumière incertaine
Comme un joyau de verre brisé
Étincelle jaillie et perdue dans les temps infinis
Tu la reconnaîtras sans peine
À sa couleur flétrie
À ses cheveux brûlés
À ses bras envolés
À son étoile morte
Et tu la pleureras
Misérablement
Désespérément
Comme on pleure un beau rêve
Lorsqu'on s'éveille tout meurtri de révolte
Abandonné
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Voici la suite de ce merveilleux voyage, effectué je vous le rappelle dans ma jeunesse à l'occasion de l'exposition universelle de Montréal, en juillet 1967. La carte ci-jointe vous montre où nous sommes.
Le samedi 22 juillet, nous quittions à regret Chicoutimi et son installation si confortable, sans savoir que nous allions trouver encore mieux à l’étape suivante… Sur le chemin de Jonquière, notre prochain arrêt, nous visitâmes la centrale hydraulique de Shipshaw, ce géant de l’électricité. Je ne m’y connais pas tellement en usines et en industries, mais l’extérieur comme l’intérieur de l’usine m’ont frappée.
La centrale de Shipshaw (carte postale d'époque achetée sur place)
Le paysage valait à lui seul un arrêt prolongé car il était admirable : l’œil se perdait au fond d’une gorge rocheuse où grondait une rivière tumultueuse pleine de rapides, ou bien se reposait sur l’immense houle verte des conifères. Après avoir traversé l’unique pont d’aluminium du monde, la centrale elle-même apparaissait, imposante : entre les deux murs du barrage, on pouvait rouler en car sur une large bande de terre sous laquelle l’eau était canalisée vers les turbines. L’ensemble, avec son immense lac artificiel, était vraiment saisissant, et ne nuisait pas le moins du monde à la beauté du paysage.
L'unique pont d'aluminium du monde (à l'époque)
Photo prise par moi, sans doute en roulant.
C’est alors que nous quittâmes définitivement les régions boisées pour arriver dans les alentours du lac Saint-Jean. Je pensais auparavant, d’après la lecture de « Maria Chapdelaine », que la forêt y était très dense, mais en réalité, nous n’y avons trouvé que rase campagne, sans un arbre. Jonquière était une agréable petite ville perdue dans l’immensité de cette plaine, avec des maisons blanches aux toits bleus, bien isolées les unes des autres.
Quant au centre où nous fûmes hébergés, il était tout simplement prestigieux. Il s’agissait d’un Centre de la Jeunesse et des Loisirs totalement moderne, comme on en trouvait encore assez peu au Canada, et certainement aucun en France. Je fus dès l’abord frappée par son étendue, par sa haute tour de plus de dix étages, pleine de chambres très confortables et judicieusement conditionnées, puis par le bâtiment presque circulaire qui ceinturait la tour et qui abritait les réfectoires, les salles de réunion, de théâtre, de conférences, de concerts, plus une chapelle, et même une magnifique piscine olympique comme je n’en avais encore jamais vu ! Toutes ces salles étaient conçues selon une architecture d’avant-garde, où le pratique était lié à l’agréable. Quant à la piscine, nous fîmes connaissance avec son eau limpide dès le soir… C’était une pure merveille : toute de mosaïque verte, de vastes dimensions, son eau claire et très profonde du côté des plongeoirs arrivait au ras du sol, si bien qu’on en pouvait sortir de n’importe quel endroit, par un simple rétablissement.
Le centre Jeunesse de Jonquières (carte postale achetée sur place)
Les deux nuits passées à Jonquière furent pour nous une détente vraiment délicieuse.
La suite ici.
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Hier soir il neigeait... J'ai écrit ce poème.
Il neige
À petit bruit
Grésillement diffus
Dans le soir qui descend
Il neige
À lents flocons
Que la brume épaissie
Avale peu à peu
Tout s’efface et blanchit
Mouillé
Transi
Giclez flocons gifleurs
À l’arrivée au sol
Nous voulons le printemps
Nous voulons la douceur
Pas votre froide étreinte
Pas vos mains grelottantes
Le pigeon roucoulait
L’alouette chantait
La jonquille essayait de montrer son museau
Mais l’hiver est tenace
On l’a trop applaudi
Il nous donne son bis
Une bise fugace
Mais ce matin voici ce que nous découvrons :
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