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        Après dix jours d'exploration du Québec "urbain", le moment est enfin venu pour nous de découvrir le merveilleux pays où Viviane a ses ancêtres... 

     

     Québec 1967 Sur cette carte que l'on peut agrandir  on distingue la ville de Chicoutimi sur la rivière Saguenay.
    Or à ma grande surprise elle a disparu aujourd'hui, englobée dans l'ensemble "Saguenay": voir ici

     

        Après une bonne nuit en ville, nous regrimpâmes vaillamment la côte pour notre dernière demi-journée au camp. Avant de prendre congé, nous plantâmes quelques petits sapins (c'était rituel à Balcon-Vert). Puis nous nous élançâmes vers le nord, emportant des provisions pour pique-niquer dans le parc des Laurentides.
        Ce jour-là il faisait encore plus chaud et plus brumeux que la veille. Dans la réserve, les routes n'étaient pas goudronnées ; aussi le paysage nous parut-il moins avenant qu'il aurait dû l'être, tout englué qu'il était, écrasé dans un brouillard de chaleur et de poussière.

    Québec 1967 : Laurentides
    Photo prise par moi je ne sais plus exactement où...


        Plus de prairies ici : les arbres étaient presque noirs, les montagnes sauvages, et tous les deux cents mètres on longeait ou on surplombait un joli lac aux contours capricieux. Notre seule déception fut de n'apercevoir aucun animal : ils devaient se terrer dans les endroits les plus frais de la forêt. Seuls, les moustiques et insectes de toutes sortes nous harcelèrent pendant notre repas au bord de l'eau.
        A la sortie du parc, nous n'étions plus loin de Chicoutimi (aujourd'hui rebaptisé Saguenay) : déjà, des étendues immenses de troncs flottants jonchaient et masquaient la surface des lacs. Nous approchions d'une zone industrielle : des cheminées fumaient et les brouillards s'épaississaient.

    Québec 1967 : vers Chicoutimi
    Photo prise par moi du côté de Chicoutimi : industrie du bois


        Et pourtant, ce que nous vîmes de Chicoutimi nous parut fort agréable : c'était encore une ville faite de pavillons, mais le style en était moins froid qu'à Montréal. Le site de la ville, joliment accidenté, était ceinturé de verdure. De plus, nous eûmes le luxe, oublié depuis notre départ, mais vite réappris, de trouver une chambre individuelle pour deux nuits. Nous goûtâmes également la douceur d'un bain rafraîchissant dans une belle piscine.

    Québec 1967 : 9 - Chicoutimi !
    Vue actuelle de Chicoutimi (=années 2000) tirée du net 


        Le lendemain, la journée commença avec une conférence culturelle offerte par Monseigneur Tremblay (un homonyme de celui de la veille, ce nom étant extrêmement répandu au Canada) sur le Saguenay (à patronymes identiques, sujets identiques ! ...). Sans doute le sujet était-il passionnant et traité avec érudition, mais la chaleur et la fatigue des jours passés aidant, nous n'en tirâmes peut-être pas tout le bénéfice souhaité.
        L'après-midi nous fîmes une excursion très agréable à Sainte-Rose-du-Nord (voir ici). La joie qu'elle nous procura nous fit oublier la matinée un peu trop studieuse pour notre goût. La chaleur était extrême (le thermomètre du car non climatisé n'affichait-il pas 100 degrés ? Nous nous en ébahîmes, mais il s'agissait de degrés... Fahrenheit, ce qui équivalait à environ 40 de nos degrés Celsius) ; mais la luminosité cette fois bien vive nous dévoilait un paysage si vert et si magnifique, que nous étions ravis.


    Sainte-Rose-du-Nord : photo tirée du net


        Le but de ce déplacement était une petite crique sur la Saguenay autour de laquelle s'avançaient régulièrement des pointes rocheuses. Le paysage y était extraordinairement varié : lorsque je dirigeais mon regards vers l'intérieur des terres, je me croyais en Suisse ; lorsque je regardais les caps rocheux, je m'imaginais en Bretagne ; mais lorsque je me promenai dans la forêt à flanc de colline, je me crus soudain de retour chez moi, à Fontainebleau, tant les rochers, les bouleaux, les pins et l'odeur de résine m'évoquaient ma forêt natale ! (Voir aussi ce site)
        Quelles belles randonnées l'on pouvait faire là ! C'était assez périlleux, mais c'en était encore plus passionnant...

        Après la promenade, nous nous étions tant échauffés que nous nous précipitâmes d'un commun accord vers le petit bar afin d'y déguster les délicieuses crèmes glacées dont les canadiens ont le secret.
        À notre retour enfin, après une séance de car des plus étouffantes, nous nous jetâmes avec soulagement dans l'eau de la piscine.


    Un souvenir personnel de Chicoutimi... Qu'avais-je donc acheté ?
    Etait-ce ce magnifique couteau à manche de corne
    dont je découvris par la suite qu'il portait la mention "made in China" ?
     
    chicoutimi.jpg
     
    À suivre ici.
     
     

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  •     Pour faire une parenthèse humoristique à mon voyage à travers le Québec, voici un poème délicieux extrait d'un recueil de Denise Miège-Simansky, que je viens de découvrir. Il est édité au "Dé Bleu", une maison vendéenne, et admirablement illustré d'aquarelles de Marina Damestoy. 


       

    Animalimages

     
     
     
    Ne mangez pas les chiens chauds
    en sandwich à la moutarde
    Ne mangez pas les chiens chauds

    N’écrivez pas aux chats-mots
    qui s’en vont dans le désert
    comme bouteille à la mer
    N’écrivez pas aux chats-mots

    Mais dansez avec les ours
    mais hurlez avec les loups
    excités comme des puces
    chantez avec le coucou

    Chantez avec le coucou
    apprenez tous les langages
    et ne mettez pas en cage
    ce qui vit tout comme vous.
     
     

    Denise Miège-Simansky

     
        Je n'ai pas résisté à vous livrer ce poème au moment où mes souvenirs canadiens affluent, avec les expressions savoureuses chères aux québécois si amoureux du français à l'époque !
        (À dire avec l'accent, en chantant et en parlant un peu du nez)
              - "Çà c'est un morceau d'chance !"
     puis : - "Je m'loue un chàr et j'vais faire un tour !"
      et :
      - "Voulez-vous un chien chaud ?"...


     

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    Etoile
    Étoile morte
    (image tirée du net) 

     

    Vivante elle avait pris la couleur des astres ensommeillés
    Et le jour qui virait
    Lui dessinait des parures plus riches
    Que les cristaux de l'espace interstellaire

    Quand chantera le crépuscule
    Tu la verras tournoyer
    Vague libellule des étés maudits
    Tu la verras danser dans la lumière incertaine
    Comme un joyau de verre brisé
    Étincelle jaillie et perdue dans les temps infinis

    Tu la reconnaîtras sans peine
    À sa couleur flétrie
    À ses cheveux brûlés
    À ses bras envolés
    À son étoile morte

    Et tu la pleureras
    Misérablement
    Désespérément
    Comme on pleure un beau rêve
    Lorsqu'on s'éveille tout meurtri de révolte
    Abandonné



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  •    Voici la suite de ce merveilleux voyage, effectué je vous le rappelle dans ma jeunesse à l'occasion de l'exposition universelle de Montréal, en juillet 1967. La carte ci-jointe vous montre où nous sommes.


        Le samedi 22 juillet, nous quittions à regret Chicoutimi et son installation si confortable, sans savoir que nous allions trouver encore mieux à l’étape suivante… Sur le chemin de Jonquière, notre prochain arrêt, nous visitâmes la centrale hydraulique de Shipshaw, ce géant de l’électricité. Je ne m’y connais pas tellement en usines et en industries, mais l’extérieur comme l’intérieur de l’usine m’ont frappée.


    Québec 1967 : Shipshaw
    La centrale de Shipshaw (carte postale d'époque achetée sur place)


        Le paysage valait à lui seul un arrêt prolongé car il était admirable : l’œil se perdait au fond d’une gorge rocheuse où grondait une rivière tumultueuse pleine de rapides, ou bien se reposait sur l’immense houle verte des conifères. Après avoir traversé l’unique pont d’aluminium du monde, la centrale elle-même apparaissait, imposante : entre les deux murs du barrage, on pouvait rouler en car sur une large bande de terre sous laquelle l’eau était canalisée vers les turbines. L’ensemble, avec son immense lac artificiel, était vraiment saisissant, et ne nuisait pas le moins du monde à la beauté du paysage.

    Québec 1967 : Pont d'aluminium - Laurentides
    L'unique pont d'aluminium du monde (à l'époque)
    Photo prise par moi, sans doute en roulant.


        C’est alors que nous quittâmes définitivement les régions boisées pour arriver dans les alentours du lac Saint-Jean. Je pensais auparavant, d’après la lecture de « Maria Chapdelaine », que la forêt y était très dense, mais en réalité, nous n’y avons trouvé que rase campagne, sans un arbre. Jonquière était une agréable petite ville perdue dans l’immensité de cette plaine, avec des maisons blanches aux toits bleus, bien isolées les unes des autres.
        Quant au centre où nous fûmes hébergés, il était tout simplement prestigieux. Il s’agissait d’un Centre de la Jeunesse et des Loisirs totalement moderne, comme on en trouvait encore assez peu au Canada, et certainement aucun en France. Je fus dès l’abord frappée par son étendue, par sa haute tour de plus de dix étages, pleine de chambres très confortables et judicieusement conditionnées, puis par le bâtiment presque circulaire qui ceinturait la tour et qui abritait les réfectoires, les salles de réunion, de théâtre, de conférences, de concerts, plus une chapelle, et même une magnifique piscine olympique comme je n’en avais encore jamais vu ! Toutes ces salles étaient conçues selon une architecture d’avant-garde, où le pratique était lié à l’agréable. Quant à la piscine, nous fîmes connaissance avec son eau limpide dès le soir… C’était une pure merveille : toute de mosaïque verte, de vastes dimensions, son eau claire et très profonde du côté des plongeoirs arrivait au ras du sol, si bien qu’on en pouvait sortir de n’importe quel endroit, par un simple rétablissement.
     

    Québec 1967 : 10 - Jonquière
    Le centre Jeunesse de Jonquières (carte postale achetée sur place)


        Les deux nuits passées à Jonquière furent pour nous une détente vraiment délicieuse.
     
     
    La suite ici. 
     
     

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          Hier soir il neigeait... J'ai écrit ce poème.

        

    Neige tardive

     
     
     
    Il neige
    À petit bruit
    Grésillement diffus
    Dans le soir qui descend
    Il neige
    À lents flocons
    Que la brume épaissie
    Avale peu à peu
    Tout s’efface et blanchit
    Mouillé
    Transi
    Giclez flocons gifleurs
    À l’arrivée au sol
    Nous voulons le printemps
    Nous voulons la douceur
    Pas votre froide étreinte
    Pas vos mains grelottantes
    Le pigeon roucoulait
    L’alouette chantait
    La jonquille essayait de montrer son museau
    Mais l’hiver est tenace
    On l’a trop applaudi
    Il nous donne son bis
    Une bise fugace

     


         Mais ce matin voici ce que nous découvrons : 
     

    Neige tardive sur Issoudun

     

    Neige tardive

     

    Neige tardive


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